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| Taniart Mon travail de peinture s’inspire de la réalité et de l’émotion provoquée par la simplicité et l’harmonie des lignes des gros plans qui me passionnent : arbres, rochers, stratifications, reflets, compressions, empreintes, traces d’eau dans le sable, sédiments ou symboles de la mémoire, mais aussi le corps humain. Travaillant d’après les poses de modèles, je choisis généralement des poses courtes et difficiles à tenir, ce qui implique un travail rapide, voire en apnée. Ce qui m’intéresse, c’est l’émotion du corps, sa fragilité. Parfois le modèle a des pieds sublimes mais c’est son port de tête qui m’appelle, la lumière, la douceur ou l’agressivité qui émane de sa poitrine. Cela peut être aussi la force d’une épaule d’homme, le secret aux creux des reins, la tendresse d’une main ou d’un pied, le voyage dans le paysage d’un nombril ou d’une oreille… Pour exemple, une jeune femme noire m’a inspiré un portrait plutôt que son corps sublime qui me semblait fermé. Un an après, j’ai appris par hasard que cette femme était musulmane et que sa religion lui interdisait de poser nue. Chez le modèle, je ressens, à force de l’observer, des tensions, des émotions, des abandons, des retenues, car le corps parle de manière très touchante. Je suis aux frontières de l’essentiel, dans l’urgence de saisir le moment. Un jour une modèle m’a dit : « Si je vous ai donné envie de me peindre, vous m’avez donné envie de poser » Perdre mes références à l’apparence qui m’ennuie, mettre en valeur les correspondances formelles et structurelles…ainsi je pars d’éléments figuratifs vers une composition quasi abstraite. Parfois les lignes repères de départ disparaissent sous les couches de peinture, le fond devient un nouvel espace. L’abstrait qui gomme la figure m’apaise. L’image est un souvenir. Face à l’empreinte de cette émotion, je voyage dans l’imaginaire…je m’étonne et je suis libre. Je vois des secrets dans les rochers et les écorces d’arbres ou des corps humains dans les ceps de vigne… Je joue avec les couleurs, les formes et l’espace. La couleur est l’essence de mon travail. Les masses reçoivent la lumière en même temps qu’elles la diffusent. Mes couleurs chaudes, intenses, flamboyantes accentuent la tension. Elles outrepassent la ligne et me renvoient mon émotion au centuple. Je combats au pinceau ou au couteau, généralement avec une peinture acrylique, avec ma toile jusqu’à ce que je ne fasse plus qu’un avec elle. Cette pulsion spontanée et affective, qui vient du hasard, m’oriente parfois vers l’abstrait, et j’ai la surprise, en juxtaposant mes poses de modèles, de découvrir un « paysage humain. » Si je suis un être de passion et d’émotion, on dit de ma peinture qu’elle est « théâtrale » Pour finir, j’aimerais citer Nicolas de Stael : « On ne se perd jamais à partir du moment ou quelque chose se passe, tout est la » La Tanière, 16 Chemin du Salève, 1213 Petit Lancy(GE) Tania Aubelle 2008 |